samedi 7 juin 2008

LE PATCHWORK EN DOUZE ETAPES


Comment fait-on un quilt ?
Combien de temps ça prend ?
Combien ça coûte ?
Où peut-on en acheter ?

Pour valoriser le « travail » de celles qui comme moi s’adonnent à ce passe-temps avec passion, et pour aussi répondre aux questions qui me sont fréquemment posées, voici quelques explications sur la façon dont nous procédons (version simplifiée).
En général, je crée tous mes modèles, ou m’inspire de plusieurs autres existants, mais jamais dans leur intégralité.
Les quatre premières étapes (création et préparation) sont celles que je préfère entre toutes … mais il ne faut pas vivre que de rêves, il faut les réaliser !!!

PREMIERE ETAPE : LE CHOIX DU MODELE
Il peut être inspiré par :
- des tissus qu’on vient d’acheter, ou ceux qu’on redécouvre dans ses multiples boites de rangement- un événement quelconque (naissance, cadeau, anniversaire, etc.)
- un moment de l’année (Noël, Pâques, Halloween, etc.)
- un modèle trouvé dans un livre spécialisé ou vu dans une exposition
- un besoin quelconque (un sac, des maniques, une veste, etc.)


DEUXIEME ETAPE : LE DESSIN DU MODELE ET DES BLOCS
On travaille souvent par « blocs » (carrés, généralement) qu’on va assembler les uns aux autres.Puis on réalise :
- Le dessin de l’ensemble et des blocs pour celles qui créent (… ou une simple ébauche pour qui comme moi ont mille idées en tête qui font évoluer l’ouvrage au fur et à mesure qu’il avance !)

- La reproduction de chaque bloc pour les autres, mais sans se fier complètement aux livres dont les gabarits ne sont pas toujours fiables et pour lesquels les dimensions ne correspondent pas toujours au résultat recherché. On se sert de papier quadrillé pour la technique du piécé (figures géométriques), ou de calque pour celle de l’appliqué (non géométrique). Ce sont les deux principales techniques.

TROISIEME ETAPE : LA PREPARATION DES GABARITS
Pour le piécé, les gabarits sont réalisés soit sur du rodhoïd (indéformable) si la pièce se répète souvent dans l’ouvrage, soit sur bristol quadrillé pour une pièce presque unique (plus économique).Pour l’appliqué, chaque pièce étant différente elle se fait sur du papier calque. Dans tous les cas, on ajoute 5 mm de couture.
Ici quelques exemples de gabarits en rhodoïd, en carton et en papier calque.
QUATRIEME ETAPE : LE CHOIX DES TISSUS
Une fois le modèle choisi et dessiné, les gabarits tracés aux bonnes dimensions, vient la tâche délicate du choix des tissus. Ils doivent tous être de la même matière (de préférence du coton) et de la même épaisseur.On peut se servir sur ses propres stocks ou se laisser aller dans un magasin spécialisé en tissus américains ou japonais. Mais aïe-aïe-aïe ! le porte-monnaie car les coups de cœur sont inévitables … et souvent pour de futurs ouvrages qui n’ont plus rien à voir avec le projet initial !
En patchwork, quand on est mordu, on voit toujours très loin … On a des projets pour plusieurs vies !


CINQUIEME ETAPE : LE LAVAGE DES TISSUS
Pourquoi ?
- Pour en ôter l'apprêt qui les rendent difficiles à travailler,
- Parce que le coton rétrécit,
- Parce qu'ils risquent de déteindre les uns sur les autres.
Personnellement, je les lave à la main tous indépendamment les uns des autres pour éliminer l’intrus. Cela arrive rarement avec des étoffes de belle qualité, mais mieux vaut savoir avant de se lancer. Maintenant, on trouve dans le commerce des produits qui empêchent les couleurs de se déposer les unes sur les autres. Je ne me prive pas de les utiliser pour le lavage ultérieur de mes quilts mais n’utiliserai jamais d’emblée un tissu qui « dégorge » (ce sont généralement les rouges, les violets et les noirs) Le repassage doit aussi être fait avant la coupe pour éviter la déformation des étoffes. Je repasse toujours les tissus immédiatement sans les laisser sécher pour empêcher toutes marques de froissage.

SIXIEME ETAPE : LA COUPE DES TISSUS
C'est un travail rigoureux !
- On pose son gabarit dessus
- On trace le contour (au crayon à papier sur du tissu clair, au crayon blanc sur du tissu foncé - là j’utilise un crayon effaçable au fer),
- On coupe méticuleusement sur le tracé (un millimètre par-ci, un millimètre par-là, et on rencontre les plus grosses difficultés pour ajuster parfaitement l’ensemble !)
Il existe différentes techniques de coupe (au ciseau, au cutter rotatif). Pour un ouvrage fait à la main, je préfère la coupe ici décrite.

SEPTIEME ETAPE : LA REALISATION D’UN « BLOC »
Pour exemple, je vais maintenant prendre ce dessus de lit en piécé.
Ce quilt est composé de 85 blocs de 20 cm x 20 cm tous différents, eux mêmes composés de 20 pièces de tissus que l’on assemble avec tout autant de rigueur qu’on les a coupées.


Sur la photo suivante, j’ai « encadré » un bloc en rouge pour qu’on l’identifie parmi tous les autres.
Je ne sais plus au juste combien de temps la coupe du tissus a représenté, mais je me souviens que le montage d’un bloc me prenait près de deux heures. Il est vrai que je couds seulement le soir devant la télé, ça m’empêche de m’endormir devant le film, mais je lève tout de même le nez de temps à autre !
Faites le compte 85 blocs x 2 h ...

Sur cet autre ouvrage en cours, je vous montre le montage d’un bloc sur l’endroit, puis sur l’envers.


HUITIEME ETAPE : L’ASSEMBLAGE DES BLOCS
Maintenant il va falloir les assembler les uns aux autres. On travaille par bande, ici dans la diagonale. Vous pouvez suivre la bande en partant en haut à gauche de la photo et vous descendez jusqu’en bas à droite (indiqué en rouge). Puis on assemble les bandes les unes aux autres. Ce qui représente un fameux nombre d’heures aussi.


NEUVIEME ETAPE : LES BORDURES
C’est une sorte d’encadrement. Ici je n’ai cousu que deux bordures latérales faites chacune de 97 petites pièces triangulaires toutes différentes, le lit étant composé d’une tête et d’un pied. D’autres quilts sont entièrement bordés.
Beaucoup de temps passé encore à couper chaque pièce consciencieusement, et à les coudre ensemble tout aussi soigneusement.


DIXIEME ETAPE : LA POSE DU MOLLETON
Pour donner du volume au quilt. Il se compose d’un matériau synthétique léger, d’une apparence ouateuse. A préférer aux autres pour sa rapidité de séchage. C’est du moins mon opinion.
On met l’ouvrage sur ce molleton légèrement plus grand, lui même posé sur une doublure de la même dimension en tissu identique (coton pour coton par exemple) et on faufile le tout pour que les trois épaisseurs tiennent ensemble. Toujours en partant du centre, dans les diagonales, puis dans les médianes et entre diagonales et médianes. Plus on faufilera serré plus le travail sera facile ensuite. Je mets environ 8 heures pour faufiler un dessus de lit … et pas devant la télé !


ONZIEME ETAPE : LE MATELASSAGE
Pour donner du relief et pour fixer ce sandwich « ouvrage-molleton-doublure » le quilt sera surpiqué à petits points (sur le modèle de la photo ci-dessous, sur le tracé blanc, à 5 mm du bord de chaque motif). Il est préférable d'utiliser un tambour à quilter (voir ICI) et là aussi de commencer par le centre en allant vers les bords de façon à ne pas déformer l’ouvrage.
La richesse d’un quilt est souvent dû à un matelassage bien exécuté (choix d’un joli motif, points réguliers, petits et nombreux).

Pas de nœuds visibles. Pas de points d’arrêt … Un quilt doit être aussi beau à l’endroit qu’à l’envers … c’est pas toujours le cas chez moi, mais je m’améliore tous les jours !!!

Là non plus, je ne vous dis pas le nombre d’heures que nécessite cette étape (plusieurs semai nes sinon plusieurs mois selon son assiduité)

DOUZIEME ETAPE : LES FINITIONS
On coupe l’excès de molleton et de doublure à la dimension finale du quilt et on borde le tout d’un biais.
La plupart du temps, je confectionne moi-même mon biais dans l’un des tissus de l’ouvrage pour qu’il s’accorde parfaitement avec l’ensemble.
Si quelqu’un ne connaît pas encore la façon d’obtenir un biais de grande longueur dans un minimum de tissu, faites-moi signe pour une prochaine leçon !

ALORS ?
Je pense avoir ainsi répondu aux principales questions.
Vous savez désormais comment nous procédons.
Pour ce qui est du temps passé à confectionner ce dessus de lit, en définitive je dirai « un certain temps ». Quand on aime, on ne compte pas !
Cher, le patchwork ? Sûrement ! En tous cas cher à nos yeux.
Pour reprendre l’exemple du dessus de lit aux 85 sapins, s’il fallait compter le temps consacré à :
-l'élaboration du projet (choix du modèle, dessins et recherche des tissus),
- le lavage, le repassage,
- la coupe très longue et fastidieuse des pièces,
- le montage des blocs (2 h x 85 = 170 h),
- l'assemblage des blocs en bande et bandes ensemble,
- la confection de la bordure après coupe des morceaux,
- le faufilage des trois épaisseurs du sandwich (8 h),
- le matelassage (plusieurs semaines voire plusieurs mois),

- les finitions,

combien seriez-vous prêts à payer pour ce travail titanesque ?

Même en imaginant les heures payées au SMIG cela représente une somme considérable.
C’est pourquoi nos quilts ne sont généralement pas à vendre.

Alors si vous voulez vous offrir l’une des merveilles que vous pouvez voir sur le blog de mes amies, mieux vaut vous y mettre vous-mêmes … et sans tarder !

Mais attention, si le virus vous gagne, c’est pour la vie !!!

vendredi 6 juin 2008

MES ACCESSOIRES COUTURE

AIE AIE MES DOIGTS !
Combien de fois j’ai entendu ça !
Alors je vous montre ici mes gadgets pour matelasser sans douleur :

- le dé … qui ne sert pas qu’à ça.
A ce sujet, il faut savoir qu’avant de faire du patchwork, à la grande désolation de ma Maman (ex couturière), je ne pouvais ni coudre ni broder avec un dé. Si elle m’y obligeait, je tenais l’aiguille entre le pouce et l’index, laissant le majeur dressé au-dessus tellement le dé me gênait. Aujourd’hui, je ne peux plus m’en passer.

- le protège-ongle blanc que je porte à l’index de la main gauche (je couds de la main droite). Certaines ont ce doigt tout abîmé (attention au panaris si vous vous piquez à ras de l’ongle). Moi c’était l’ongle parce que je l’utilise pour que l’aiguille vienne y buter sous le tambour avant de remonter dans le molleton.
J’ai essayé des protège-doigts en cuir, mais si ça me gênait moins, mon aiguille se prenait dans la peau du cuir et je pestais chaque fois. Je ne vous dirais pas que celui-ci (en plastique rigide) est d’un grand confort, mais pour un matelassage de longue halène comme un dessus de lit, ça rend service. Pour de petits travaux, je me coupe l’ongle de l’index à ras et je fais sans. Et puis j’évite de mettre du vernis !

- les tire-aiguilles bleus. Je n’en porte qu’un au bout de l’index.
J’ai trouvé ceux-ci à Tôkyô, mais ils sont de la marque américaine Clover, on doit donc pouvoir en acheter ailleurs chez tout bon fournisseur de matériel pour patchwork. Existent en plusieurs tailles.
Avant, j’utilisais un morceau de gros bracelet élastique pour tirer une aiguille récalcitrante qui ne voulait plus glisser*. Ce n’était pas très pratique … quand je ne l’avais pas perdu ! Depuis que j’ai trouvé ce gadget, quel bonheur de matelasser ...
*ce peut-être aussi dû à l’oxydation … en changer peut s’avérer être la solution !

LE TAMBOUR
Pour le matelassage, je n’en possède qu’un, costaud, en bois de hêtre (je crois).
Pour ne pas le confondre avec un autre, je l’ai personnalisé avec mon nom et de petits dessins faits au pyrograveur.
Pour matelasser près des bords et dans les angles, je n’ai pas voulu investir dans un tambour spécial. Je verrai lors d’un prochain voyage aux Etats-Unis si ça vaut le coup.
En attendant, j’ajoute des bandes de tissus que je tiens avec des épingles de sûreté (appelées aussi épingles à nourrice). Si ça n’est pas clair, je vous fais un dessin.

Savez-vous que les Américaines raffolent des tambours à matelasser laissés bruts, vernis ou peints, pour encadrer certains petits ouvrages ? C’est vrai que c’est sympa.
J’ai essayé la colle en bombe 505 pour tissus afin de fixer les trois couches (top, molleton et toile de fond). Je trouve que ça empêche l’aiguille de glisser et rend le matelassage plus difficile.
Une élève m’a offert des pinces pour tenir ensemble ces trois épaisseurs, mais j’en reviens toujours aux bonnes vieilles méthodes, même si ça doit me prendre beaucoup de temps (environ 8 heures pour le simple faufilage d’un dessus de lit). C’est le gage de la réussite d’un travail qui va demander des mois, alors qu’est-ce que c’est qu’une journée ?

LA CAGE A DE
J’ai acheté la première en Chine, dans un Magasin du Peuple.
Entièrement fermée, elle est constituée de trois faces de tissu tendu (dans le biais sur un rhodoïd probablement). Il suffit d’appuyer sur les côtés pour qu’elle s’ouvre. La seconde vient de Kyoto, cadeau pour une amie. Même principe, même forme, même taille, agrémentée de petites perles.



Et puisque nous parlons de dé, voici une histoire :
Un jour, une couturière cousait, assise au bord de la rivière. Soudain, son dé tomba dans la rivière. Comme elle hurlait de désespoir, le Seigneur apparut et lui demanda :
- "Ma fille, pourquoi pleures-tu ?"
La couturière répondit que son dé était tombé dans la rivière et qu’elle en avait besoin pour coudre pour ainsi aider son mari à nourrir sa famille.
Le Seigneur plongea la main dans l'eau et en sortit un dé en or avec des saphirs.
-"Est-ce ton dé ?" demanda le Seigneur.
- "Non" répondit la couturière.
Le Seigneur plongea à nouveau la main dans la rivière et en ressortit un dé en or et rubis.
-"Est-ce celui-ci ton dé ?" demanda-t-il une nouvelle fois.
À nouveau, la couturière répondit « non ».
Le Seigneur plongea une troisième fois la main dans la rivière et en ressortit un dé en cuir.
-"Est-ce ton dé ?" demanda le Seigneur.
-"Oui" répondit la couturière.
Le Seigneur fut content de l'honnêteté de la femme et lui donna les trois dés de couture. La couturière rentra à la maison, heureuse. Quelques années plus tard, pendant une promenade du couple au bord de la rivière, le mari tomba dans l'eau et disparut dans le courant. La couturière hurla à pleins poumons. Le Seigneur lui apparut à nouveau et lui demanda :
-"Femme, pourquoi pleures-tu ?"
La couturière répondit:
-"Oh Seigneur, mon mari est tombé dans la rivière !"
Le Seigneur plongea la main dans l'eau et en ressortit George Clooney.
-"Femme: est-ce ton mari ?"
-"Ouiiii!!!" hurla la femme.
Le Seigneur, furieux: :
-"Tu as menti, ce n'est pas vrai !!!"
La couturière répondit:
-"Pardonne-moi Seigneur. Il y a eu malentendu: si j'avais dit « non » à George Clooney, vous auriez sorti Brad Pitt... et si j'avais dit « non » à lui aussi, vous auriez sorti mon mari. Et si à ce moment j'avais dit « oui » vous m'auriez donné les trois. Seigneur, ma santé n'est plus si bonne, je n'aurais pas pu prendre soin de trois maris. C'est pour cela que j'ai dit « oui » à George Clooney".
Ainsi, le Seigneur permit à la couturière de garder Clooney avec elle.
La morale de l'histoire ? Quand une femme ment, c'est pour une raison juste et honorable et c'est dans l'intérêt de tout le monde !!!

LA POUPEE PORTE-AIGUILLES
Un cadeau de ma fille lors d’un voyage à St-Martin.


LA CHATELAINE
J’espère que c’est bien le nom !
Trois mini-blocs pour faire trois poches où mettre le petit matériel.
Une patte tenue par un pression pour les ciseaux à broder.
Un velcro sous la souris-bague-pelote-à-épingles.
Et le pin de France-Patchwork … à laquelle je ne suis plus adhérente.
Biais maison en shibori (tissu teint à la japonaise – fait maison également.


LA BAGUE PELOTE A EPINGLES
En forme de souris.
Acheté lors d’une exposition de patchwork.
Une idée pour vos futurs marchés de Noël.

POUR MA MACHINE A COUDRE
Dans mon atelier, vous avez déjà vu le meuble de machine à coudre déployé. Quand je n’ai pas besoin de le refermer, je protège l’outil avec ce couvre-machine.
Le motif principal est fait d’un carré imprimé que j’ai matelassé dans les contours du dessin.
Il a été assemblé à un tissu trouvé à part qui rappelle la couture, décoré de boutons dépareillés récupérés lors de l’inventaire du magasin de ma Maman (mercière dans les années 60).
J’ai encore un véritable trésor provenant de ce magasin.
Eh non ! Je ne jette rien … d’où sans doute mon goût pour le patchwork et tout ce qui se récupère afin de lui donner une seconde vie.
Pour la rigidité de l’ensemble, j’ai glissé un calendrier mural coupé aux bonnes dimensions entre le top matelassé et la doublure. S’il n’y avait pas les cartons, il serait entièrement réversible.
Finition biais.


Maman a eu une machine Singer comme celle-ci, sans moteur, avec un pédalier. Elle l’a changée pour un engin très moderne à l’époque, celui que j'ai longtemps utilisé.



Grâce à l'excellent tuto de Nadine de Mes Petites Mains Pleines de Doigts, je viens de faire un cadeau à ma nouvelle machine à coudre : une jolie fleur porte-épingle !